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19.06.2013 21:12 - Le Monde ``Bulgarie - dissidents comme au bon vieux temps``
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Ïîñëåäíà ïðîìÿíà: 19.06.2013 21:37


 
 Benoit Hopquin, Envoyé spécial 
Dans les faubourgs de Sofia, au deuxième étage du bâtiment 4, escalier B du boulevard Tsarigradsko, l’appartement de Stéphane Stoyanov est à l’image de cette Bulgarie où tout et rien n’a changé. Les murs aux couleurs oubliées, le solde    béton brut, le style collectiviste dans son jus renvoient à la période communiste et à l’idéal neurasthénique des années 1960. Et puis, ici et là, une affiche moderne, un ordinateur ou une bouteille de Coca ramènent le visiteur au XXI e siècle.  L’appartement hésite ainsi entre deux époques. Il était auparavant occupé par le père de Stéphane Stoyanov, Dimitar, plus connu dans son pays sous son nom de poète: Radoï Raline. Les deux générations ont en commun ce lieu et autre chose: ils sont en rébellion contre le système. Dimitar Stoyanov était un dissident poursuivi par le régime communiste. Stéphane se bat contre l’emprise mafieuse sur la Bulgarie contemporaine. Le plus cruel, c’est que leurs persécuteurs sont peu ou prou les mêmes, d’anciens apparatchiks ou agents des services secrets reconvertis sans état d’âme du magistère marxiste à l’affairisme le plus dévoyé, de la dictature du prolétariat à la démocratie en eaux troubles. Alors, comme la majorité des Bulgares, Stéphane Stoyanov ne peut que constater et hurler sa colère. Des manifestations secouent le pays depuis plusieurs jours contre la «mafia» et «l’oligarchie». Elles suivent les élections législatives de mai, marquées par des fraudes importantes. Moins d’un mois après sa nomination, le nouveau gouvernement, d’obédience socialiste, est déjà rattrapé par les scandales et les soupçons d’accointances douteuses. Le précédent, de centre droit, était tombé pour ces mêmesraisons. Tempes grises d’homme fait, yeux bleus et pétillants d’éternel enfant, Stéphane Stoyanov,  52 ans, sait bien de quoi il retourne. Il a été scrutateur d’un bureau électoral de son quartier. «Les ystème est vissé. Le vote est manipulé. Il y a sur les listes électorales des noms de personnes qui résident dans cet immeuble et que nous n’avons jamais vues. Ce sont des électeurs fantômes.» Scrutin après scrutin, les grands partis traditionnels continuent donc de confisquer le vote et de se partager le pouvoir et ses prébendes. Stéphane Stoyanov les connaît bien, «ces accapareurs qui spolient la majorité des Bulgares». Il y a vingt-trois ans, quand le régime communiste est tombé, il les avus changer de discours, de costume, de voiture, de femme mais pas de méthode, constant dans la brutalité. Ces tristes siresont persécuté son père comme «ennemi du peuple», «communiste dégradé»et «adepte de théories bourgeoises». Ces accusations, entre autres, figurent dans les dossiers des services secrets. Tania Stoyanova, la femme de Stéphane, a récupé réces archives qu’une commission a déclassifiées. Des cartons et des cartons de documents qui racontent une vie sous surveillance. Radoï Raline y était surnommé «le bouc», sans doute en raison de sa barbichette drolatique et de son visage de gnome malicieux. Peut-être aussi pour sa manière de ruer sous la contrainte. Né en 1922, issu d’une bonne famille, Radoï Raline passait déjà pour réfractaire sous l’ancienne dictature, fasciste puis pronazie, qui domina le pays de 1923 à la fin de la seconde guerre mondiale. L’idéaliste humaniste ne tarde pas à se retrouver suspect dans la «démocratie populaire» qui naît en1946. Il crée une revue satirique qui joue avec la censure. «L’humour était la seule forme d’opposition tolérée», explique Stéphane Stoyanov.
Une plaisanterie trop caustique et Radoï Raline est licencié en 1961. Cinq ans plus tard, il conçoit un recueil mêlant caricature set épigrammes, moquant courageusement le système communiste et, plus courageusement encore, Todor Jivkov, le toutpuissant patron du PC depuis 1954. Le livre paraît en 1968, quand le souffle du «printemps de Prague»descend jusque dans les Balkans. Mais la répression met fin àcette parenthèse. Le livre est interdit, comme toutes les œuvres du poète, mises au pilon. L’homme est exilé dans une petite ville de l’intérieur. Mais il refuse de s’enfuir l’Ouest, contrairement à son ami Georgi Markov. Cet écrivain et dissident sera assassiné en 1978 à Londres, empoisonné à la ricine, sans doute à l’aide d’une aiguille fixée à un parapluie. Son bannissement levé, Radoï Raline revient dans son appartement du boulevard Tsarigradsko, truffé de micros. Il subit les humiliations. «Ensigne de solidarité, ses amis venaient à la maison et m’amenaient des sucreries. Pour l’enfant que j’étais, la répression de mon père a d’abord eu le goût du chocolat», raconte Stéphane Stoyanov. Mais le jeune homme ne tarde pas à subirà son tour les tracasseries du régime, notamment quand il affiche son soutien au mouvement polonais Solidarnosc. Il est suivi et fiché, sous le sobriquet de «chauvesouris». Il est recalé six fois à l’entrée de l’Académie des beaux-arts, en raison de ses idées. En 1982, il est condamné à une peine de pris on avec sursis, au prétexte d’une soidi santrébellion après un contrôle de billet dans le train. Un coup monté. «Les policiers m’ont clairement fait comprendre que si je continuais à memêler de politique, la peine de prison deviendrait effective.» 
Stéphane Stoyanov montre une photo de cette époque où il est encadré par deux amis. Sa femme a découvert dans les archives qu’ils émargeaient aux services de sécurité. En 1988, deux hommes agressent Stéphane Stoyanov dans la rue et lui brisent la mâchoire. Les dossiers révèlent qu’ils étaient également appointés par la police politique et seront décorés peu après. Radoï Raline devient un des animateurs du «club glasnost et perestroïka», né en1985, avec l’arrivée au pouvoir en URSS de Mikhaïl Gorbatchev.
En janvier 1989, avec un epoignée d’autres dissidents, il participe à un petit déjeuner à l’ambassade de France et rencontre François Mitterrand, en visite officielle en Bulgarie. Le régime de Todor Jivkov est en train de craquer, jusqu’à sa démission, le 10 novembre 1989, après trente-cinq ans de pouvoir. Radoï Raline est acclamé lors des manifestations qui suivent la chute du potentat.
«Il est tombé, mais les autres sont toujours là, prêts àprendre sa place», prévient au micro le dissident, douchant l’enthousiasme de la foule. Plus qu’une prémonition. Très vite, les anciens cadres du régime, notamment les responsables de la police politique qui harcelaient les Stoyanov, captent tous les; pouvoirs. 
«Le régime communiste avait institué la confusion entre le Parti et l’Etat, explique Stéphane Stoyanov. D’une certaine manière, cette mentalité perdure aujourd’hui. Le politique et l’économique restent intimement mêlés.»
RadoïRalinedécline uneplace au Parlement,refuse une Mercedes qui lui est douteusement offerte. Il rejette les honneurs.«Suisje un si mauvais écrivain que je sois invité par un ministre?»,plaisantetil. Il reste; dans son petit appartement du boulevard Tsarigradsko, dépense son énergie à réhabiliter l’œuvre d’autres dissidents disparus. Mais la mise en coupe réglée de la société bulgare le désespère. «Ça l’aécrasé», explique Stéphane Stoyanov. Il meurt en 2004 d’un cancer.
 A son tour, le fils peine àt rouver ses marques dans la nouvelle société. Comme tous les Bulgares qui refusent l’affairisme, il vivote entre petits boulots et chômage, entre salaires indécents et système D. Ecœuré, il envisage d’émigrer au Canada, décide finalement de rester. En 1997, il décroche un poste au service des douanes de l’aéroport. «J’ai failli ne pas avoir cette place car mon casier judiciaire comportait ma condamnation politique de 1982. Elle y figure encore aujourd’hui.» Même dans la nouvelle Bulgarie, il reste un repris de justice. Beaucoup de ses collègues douaniers étaient déjà là sous l’ancien régime. Certains profitent de leur position, se livrent à des commerces lucratifs. «Ils sont devenus millionnaires» ,explique Stéphane Stoyanov. A lui aussi, on a proposé des cadeaux ou une part de la marchandise contrôlée, comme ça, pour rien. «J’ai toujours refusé.» Il est licencié en 2009, quand le premier ministre, Boïko Borissov, instaure des mesures d’austérité. Un cheval de retour, celui-là aussi: ancien lonel des pompiers et champion de karaté, Boïko Borissov a appris les ficelles de la carrière politique comme garde du corps de Todor Jivkov. Puis il a viré de bord et pris à la                         hussarde la tête de la droite bulgare… Un exemple parmi d’autres de ces reconversions réussies. Acôté de ces agioteurs, Stéphane Stoyanov, comme l’immense majorité de ses compatriotes, survit comme il peut. Il est au chômage.Il jette un regard désabusé sur la politique. Le dernier scandale en date, un vaste réseau d’écoutes téléphoniques, lui prouve que les mauvaises manières et l’espionnite ont la vie dure, lui qui fut épié dans chacun de ses gestes. Ce serait presque àenrire. Tania Stoyanova constate que les manuels scolaires de ses trois enfants continuent d’enseigner les auteurs officiels de l’époque communiste.Les dissidents sont toujours prohibés. L’œuvre de Radoï Raline est presque introuvable en librairie. Après bien des recherches, un bouquiniste nous dénichera finalement quelques exemplaires des années 1960, sauvés de l’autodafé. Pour que sa mémoire demeure, Tania Stoyanova vient de publier une biographiå de son beau-père, qui a reçu un bon accueil du public.
Peutêtre parce qu’à travers cette saga familiale se lisent les espoirs et les désillusions de tout un peuple. Mais la préface, où elle critiquait le communisme, a été caviardée par l’éditeur, comme au bon vieux temps. Non loin de l’appartement, une statue en bronze de l’ancien dissident a été érigée sur une petite place. Le jour de l’inauguration,il n’y avait aucune délégation officielle. p Bulgarie Comme au bon vieux temps «Le régime communiste avait institué la confusion entre le Parti et l’Etat. D’une certaine manière, cette mentalité perdure aujourd’hui.  Le politique et l’économique restent intimement mêlés» StéphaneStoyanov BenoîtHopquin StéphaneStoyanov,chezlui, à côté d’un portrait de son père,RadoïRaline. BORYANAKATSAROVA/COSMOSPOUR«LEMONDE»  



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